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CULTURE
DE LA CIVILISATION DU XXIème SIÈCLE
Sommes-nous
aux abords de l'âge de la lumière ? Notre nouveau naturalisme
vitaliste va-t-il réussir à décrire la réalité de l'être ?
La description de la réalité physique est loin d'être complète.
Les différentes approches ontologiques et phénoménologiques n'ont
pas épuisé la compréhension des lois qui régissent l'univers.
Nous ne connaissons pas toutes les règles du jeu et bien des cartes
restent à distribuer. Evitons, néanmoins, l'éparpillement en
querelles de mots et les spéculations illimitées sur le sens du
vent.
Le
déterminisme causal mérite d'être approfondi, ses variations
d'état, tout comme les phénomènes de seuil, à l'orée des
mutations. La dynamique quantique apporte une réponse innovante
intégrée dans une cohérence conceptuelle et un formalisme nouveau.
Elle canaliserait l'exercice d'une pensée ouverte sur un « système
du monde »20
mieux compris, sans pour autant fétichiser ni des auteurs mythiques
ni leurs théories. Il s'agit, en effet, de ne pas s'interdire
d'aller plus loin et vers d'autres voies, à travers, par exemple,
des ateliers de recherche, des écoles polytechniques et des
universités ouvertes. Nous en formulerons le projet par ailleurs.
Cette
démarche de culture pense chaque entité existante ou « étant »21
comme un processus de relations en devenir constant, renouvelées
dans leur permanence solidaire, ou bien innovantes et aventureuses.
L'armature quantique élémentaire ouvre un champ sémantique
substantiel souvent inédit. L'ingénierie de l'être s'ordonne à
des logiques d'inclusion opératoires que découvrent sans cesse les
scientifiques et qu'intègrent les philosophes, tels que Stéphane
Lupasco ou Edgar
Morin, pour étayer et développer l'entrelacs de leurs théories.
Des perspectives radicales se dégagent. La ligne d'horizon s'éloigne
en même temps que se déplace le point de fuite.
Dans
nos règles de méthode, aborder l'analyse d'un dessein propre à
chaque entité et l'investir dans un dessein partagé plus général
nous semble incontournable. Le projet de tout sujet, avons-nous dit à
propos de la métaphore chorégraphique, annonce les liens organiques
de complémentarité et de réciprocité à nouer pour organiser un
devenir singulier. Celui-ci n'est pas cloisonné. Il s'exprime dans
le cadre du devenir d'autres projets, qu'ils soient coordonnés ou
antagonistes. Cet ensemble de projets s'intègre dans un devenir plus
global – dont le sens, du reste, nous échappe.
Allons-nous, par exemple, à partir de la noosphère22,
vers un point Oméga tel que défini par Teilhard
de Chardin ? Quelle est la part de hasard dans la poursuite
de finalités souvent divergentes ? D'Héraclite
à Platon,
d'Augustin
d'Hippone à Spinoza,
Leibniz
et Søren
Kierkegaard, d'Edmund
Husserl à Whitehead
et Heidegger,
les questions trouvent des réponses qui posent d'autres questions...
Nous n'échapperons pas à cette règle. Dans nos prolégomènes,
comme dans nos communications diverses, nous n'hésitons pas à
provoquer des questions aussi bien d'ordre philosophique que
scientifique et à convoquer des réponses qui nous semblent
pertinentes.
En
décloisonnant autant que possible les sujets de recherche les plus
vastes, nous avons essayé de former un socle commun de connaissances
basé sur une approche naturaliste pluri-disciplinaire. Nous nous
sommes impliqués dans ce que nous appelons de tous nos vœux une
culture générale partagée qui sera celle du XXIème
siècle. Une culture novale ouverte à la recherche
exploratoire de nouvelles voies portant une exigence de cohérences
nouvelles. Une culture qui procède du lien nouveau liant les
connaissances entre elles dans le projet de tenter de les renouveler
et d'en étendre l'acquisition en formant à d'autres disciplines des
scientifiques confirmés dans leur expérience propre aussi bien que
des autodidactes23
mus par l'amour du vrai, la curiosité et la passion de la recherche
portés par la volonté de comprendre le monde, au-delà des
relations traditionnelles d'autorité, des querelles et des rivalités
intellectuelles concurrentes, sinon contradictoires24.
D'autant plus que sont immenses les possibilités offertes
aujourd'hui par l'internet à rechercher les informations les plus
pointues, à tenter de les valider, puis à les synthétiser, et à
faire ainsi émerger un nouvel esprit scientifique, une nouvelle
culture...
Les fonctions de vérité telles que les considérait Bertrand
Russel dans leur logique simple, malgré leur complexité,
doivent guider les intelligences à surmonter leurs querelles
notamment religieuses et à rechercher les fondamentaux au-delà de
tous les clivages. Sans pour autant sacrifier à une synthèse
descriptive qui serait notoirement insuffisante ou en esquiver les
difficultés de sa formulation. Le rasoir
d'Ockham, illustré par la théière
de Russel, postule la simplicité dans la modélisation de la
réalité, sous réserve que l'illustration qui en est faite soit
suffisamment éclairée. Le lac des signes25
entrelace découvertes décisives et changements d'époque...
Science
et philosophie ne font qu'un en réalité. Science et philosophie
dans le sens le plus général des deux termes. La synonymie en a été
traditionnellement exprimée depuis les présocratiques et les
pythagoriciens, les savants arabes et andalous, jusqu'à nous en
passant par Descartes, Galilée, Newton et Leibniz. Même si les deux
démarches aujourd'hui semblent irréductibles et diverger quant à
leurs méthodes, notamment techniciennes, expérimentales et
statistiques. Elles sont distinctes, en effet, mais non séparées.
La science interroge et analyse le détail et la philosophie
construit des synthèses, toutes deux liées par la recherche
continue des fondamentaux. Le savoir ne peut pas s'atomiser en
spécialités qui resteraient autonomes et rivales, alors que la
compréhension du monde moderne implique nécessairement des
passerelles entre les différentes branches de la connaissance. Les
connexions, les recoupements, les échanges réciproques26
et les influences sont riches d'enseignements théoriques et
conceptuels. Le laboratoire du futur devra en tenir compte sans
ambiguïté.
Nos
communications, par conséquent, prennent des formes différentes
d'expression selon les différentes disciplines existant dans le
monde du savoir. Un modèle quantique unique, une axiomatique
homogène, une descriptive naturaliste fondamentale
transdisciplinaire, telle que l'architecture chorégraphique que nous
avons pris pour modèle, vont nous guider afin de mieux comprendre –
c'est la joie de penser – aussi bien les sciences de la nature
comme l'astronomie et la cosmologie, la physique, la chimie ou la
biologie que les sciences de l'homme. Le langage de notre temps est,
sans conteste, celui de la science. Son émergence, à partir de
démonstrations convaincantes, a abouti à la constitution d'un corps
de connaissances de plus en plus fondés sur un discours logicien et
des modélisations de plus en plus précises.
Notre
modèle théorique va tenter, à son tour, de catalyser les
recherches dans les disciplines les plus diverses. Son socle
encyclopédique, par ses restructurations thématiques, et sans
jamais prétendre être élitiste, inspirera, nous en sommes
persuadés, la pensée de l'avenir. Aux chercheurs, quel que soit
leur domaine de prédilection, de valider notre modèle par les
résultats de leurs recherches ou d'en invalider la totalité ou
certains aspects. Notre hypothèse est un fil conducteur qui pourrait
orienter les recherches dont les conclusions pourraient être
conformes au modèle que nous avons décrit, ou bien différentes. Se
poserait alors la question de la reformulation et de l'évolution du
modèle d'origine.
Dans
les communications qui suivent, se dessineront, espérons-le, les
bases de ce que sera une culture générale du XXIème
siècle. Ses conséquences ? Un homme augmenté de
l'intelligence de l'être, de l'intelligence d'être.
Claude
Khal
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